La Thérapie de l’enfant intérieur est plus qu’une méthode en tant que tel, c’est un concept « humaniste » pensé par Carl Gustav Jung et repris tout au long du dernier demi-siècle par bon nombre de thérapeutes.
A tout seigneur tout honneur, je ne vois pas comment je pourrais consacrer le premier article de mon blog à quelqu’un d’autre que l’enfant intérieur ? Nous avons tous en nous un enfant intérieur. Le mien travaille avec moi tous les jours dans mon cabinet. Il est un assistant précieux dans ma tâche qui consiste à soutenir l’enfant intérieur (et pas seulement) de mes patients.
Ma théorie de l’enfant intérieur
Nous naissons dans une bulle. Nos mères nous portent dans une bulle. Il y a cette bulle dans laquelle nous sommes et cette bulle est protégée par les contours de notre mère. Lors de notre arrivée au monde, la famille autour de nous, les bras de nos parents (ou même de tout substitut de nos parents) tentent de faire une continuité de bulle autour de nous. Je vous invite à ce sujet à visiter ou revisiter les notions de “handing” travaillée par Donald Winicott. Ces notions vous montrent comment la construction symbolique d’une notion de bulle autour de nous, prend tout son sens dans les efforts conscients et inconscients de l’entourage et de nous-même. Nous allons développer dès notre plus jeune âge, des trésors d’ingéniosité inconsciente pour assurer la continuité de cette bulle autour de nous. Par conséquent, une partie de nous-même (certainement la plus fragile et la plus pure) va se trouver à l’intérieur de cette bulle psychique en jouant sans arrêt avec des limites subtiles d’intérieur et d’extérieur.
Sédimentation psychique quotidienne
L’enfant que nous sommes grandis en contact avec l’extérieur et ses exigences, parents, éducations, culture, société, religion, etc… et tout en grandissant nous conservons, voire enfermons en nous, une partie de nous-même, notre enfant intérieur. Nous intériorisons pour nous protéger potentiellement de l’extérieur. L’extérieur nous provoque, nous percute, par nature il est plus inconfortable que l’intérieur. Prenons l’exemple de commentaire fait par les voyageurs à la sortie d’un avion quand ces derniers reviennent d’un séjour dans un pays chaud et humide à 37° et qu’ils sont violement confronté à un piètre 19° bien souvent trop sec. Le commentaire n’est pas souvent très élogieux. Ces voyageurs mettent autour d’eux une protection, une bulle “polaire”. Dans l’exemple en question la réponse à l’agression de l’extérieur n’est pas psychique elle est concrète et pratique. Notre vie d’enfant sous le joug des exigences quotidienne de l’extérieur ne nous fait pas enfiler un pull dès que nous sommes confrontés à une difficulté. Toutefois nous nous protégeons des difficultés quotidiennes par la mise en place symbolique d’une limite entre nous et l’extérieur. Se forme alors, à la manière d’une croute terrestre, une protection, sorte de sédimentation psychique sur laquelle reste collée les injonctions du quotidien. Vous y trouverez les célèbres : “Mets pas tes doigts dans ton nez”, “tiens-toi bien à table”, etc…
La croute protégeant l’enfant intérieur épaissie au fur à mesure des années aussi par un mécanisme de sédimentation intérieur. L’enfant que nous sommes encore à ce moment de notre histoire ose-t-il dire ? Ose-t-il s’exprimer ? Ce n’est évidemment pas toujours le cas. En revanche la pulsion existe au cœur de cet enfant. La pulsion de l’énorme coup de massue que nous souhaitions mettre à un autre enfant qui nous fauche pour la 3e fois notre voiture de pompiers monte jusqu’à notre conscience. Alors autant nos pires pulsions, chères à Freud, sont refoulées, autant nos petites envies de tuer du quotidien investissent notre espace intérieur et sans être exprimées. Elles s’installent à l’intérieur de notre système de sédimentation psychique et deviennent comme l’explique très bien Moussa Nabati, les fantômes de notre enfant intérieur.
Sédimentation psychique traumatique
La façon dont se fige ce que j’appelle la sédimentation psychique n’est pas toujours provoquée par une accumulation des complexités quotidiennes. Les traumatismes (accident, séparations, pertes de proches etc…) figent également la sédimentation de manière violente. Je rencontre dans ma pratique quotidienne de la Thérapie de l’enfant intérieur des adultes dont la structuration de la vie émotionnelle a pris fin avec la disparition d’une maman ou d’un papa partie beaucoup trop vite. Certes nous grandissons, certes avec la résilience nous survivons mais à quelle prix ? Nous nous protégeons de trop de souffrance d’un seul coup par un enfermement violent et définitif de cette partie de nous-même, cet enfant intérieur avec qui nous coupons pour finalement mieux le protéger mieux nous protéger.
Libérons notre enfant intérieur
Nous voyons sur les étalages de librairie au rayon du développement personnel un nombre d’ouvrages conséquent dont le dénominateur commun est autour de la nécessité de libérer notre enfant intérieur. Toutes les méthodes de Thérapie de l’enfant intérieur vont en ce sens. L’enfant intérieur en nous est comme une partie de nous qui serait restée coincée émotionnellement à un âge que je situe entre moins 7 mois et plus 12 ans.
Mon travail en Thérapie de l’enfant intérieur ne diffère pas de l’analyse psycho-organique qui est la méthode à la base de ma pratique. Elle enrichie cette dernière par sa pertinence et surtout par sa capacité à être un concept simple et accessible à tous.
Et si ce n’est pas toujours facile d’accepter de faire un travail sur soi, il est peut-être plus simple d’emmener une partie de nous en Thérapie de l’enfant intérieur.